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Géologie

Introduction :


Les spéléologues sont, par définition, des gens passionnés par les grottes et les gouffres. La science concernée par ces grottes et ces gouffres est la géologie. C'est une science respectable, très vaste, qui s'occupe de bien des choses beaucoup plus sérieuses que ces petits trous à la surface de la Terre. Aussi y at-il peu de géologues chez les spéléos.

D'ailleurs, parmi les spéléologues, il n’y a aucun professionnel (sauf ceux qui vendent des activités sportives). Ce sont des amateurs passionnés. Ils sont jeunes ou vieux, lycéens, employés ou enseignants. On y trouve même des ouvriers. Leur bagage scientifique est très variable, mais la plupart n'en ont pas.

Certains ont eu la chance de faire des études, mais rares sont ceux qui ont sur l’histoire de la Terre des notions dépassant les clichés de Jurassic Park. La plupart ne réalisent ni l’échelle colossale du temps, ni l’ordre dans lequel se sont déroulés les évènements qui ont produit la roche et la grotte.


Ayant pratiqué de longues années dans divers clubs de spéléologie, j’ai pu mesurer le manque cruel d’information simple et accessible, et la difficulté de donner quelques explications à des passionnés qui ne possèdent pas les notions de base. Quant aux géologues, ils semblent ne pas pouvoir comprendre qu’un amateur puisse s’intéresser à certains aspects de la géologie sans désirer vraiment ingurgiter au préalable la totalité d’un cours de Faculté. Sans tomber dans la « vulgarisation » bêtifiante, on doit pouvoir donner en deux ou trois pages un aperçu succint des connaissances les plus nécessaires. C’est ce que j'essaie de faire ici. Le lecteur jugera si j'ai réussi.

A ma grande confusion, je ne suis pas diplômé en géologie et je ne suis pas sûr d’enseigner ici la vérité absolue. Certaines de mes explications s’avèreront controversées ou dépassées. De vrais géologues relèveront mes erreurs. Je les pris de me corriger et de me pardonner. D’ailleurs ce qui est vrai aujourd’hui sera peut-être faux demain, car comme toutes les vraies sciences la géologie progresse. Chaque découverte envoie au panier des théories dépassées. Je souhaite surtout faire percevoir aux spéléologues, qui ne sont pas des géologues, que ce qu'ils observent sous terre n’est pas dû aux caprices du hasard, mais la conséquence logique de l’histoire déjà longue et complexe de notre univers et de notre petite planète.


Si on veut expliquer, au lieu de se contenter de décrire, il faut commencer par raconter. La caverne chère au spéléologue ne peut pas s’expliquer sans son histoire, sans l’histoire du calcaire, qui fait partie de l’histoire générale de la Terre. Et la Terre ne peut s’expliquer sans esquisser l’histoire de l’Univers. Pour cette raison, je commencerai par un peu de cosmologie, qui pourtant à première vue n’a pas grand-chose à voir avec les gouffres. On entrera un peu plus dans le détail en ce qui concerne l’histoire du calcaire, la fracturation, et les mécanismes de dissolution et de l’érosion. Je fournirai quelques explications simples sur la formation de certains types classiques de conduits souterrains. Au lecteur de « shunter » les parties qui ne l’intéressent pas.


L'échelle des temps :


L’échelle des temps que nous utilisons est à la mesure d’une vie humaine. Elle semble dérisoire pour dater les évènements cosmologiques et géologiques, dont la durée est immensément supérieure. De plus, notre perception du temps est perturbée par la maigreur de nos connaissances : Entre le "Big Bang" initial, dont nous connaissons de façon théorique le détail des premières microsecondes, et notre époque, pour laquelle nous disposons d'une documentation extrêmement détaillée sur les dernières années, des milliards d'années se sont écoulés sur lesquels nous ne savons quasiment rien.


Age de l’univers (depuis l’instant du « Big Bang ») : 15 milliards d’années

Formation du système solaire : environ 11 milliards d’années

Solidification de la surface terrestre : environ 5 milliards d’années

Apparition de la vie sur terre : 3 milliards d’années

Premiers dépôts calcaires : 2 milliards d’années

Apparition de l’homme sur terre : 3 millions d’années

Glaciation la plus récente : Würm, 150 000 à 15 000 ans


Sur cette échelle des temps, on peut situer quelques dates importantes pour la spéléologie :


Age des calcaires les plus abondants en Europe :

Carbonifère :1 milliard d’années

Jurassique : 500 millions d’années

Crétacé : 70 millions d’années

Tertiaire : 10 millions d’années


Périodes de fracturation :

L’Europe a subi successivement les mouvements suivants :

XXX

XXX

XXX

XXX


Age des cavités :

Les cavités actuellement pénétrables ont été creusées au cours de la dernière glaciation (Würm) et de la période post-glaciaire (15 à 10 000 ans). On trouve encore les traces de quelques cavités creusées pendant l’interglaciaire Riss-Würm (200 000 ans), aujourd’hui entièrement colmatées.


Un peu de cosmologie :


L’univers, d’après la théorie aujourd’hui la plus probable, serait le résultat d’une explosion d’énergie extrêmement concentrée, dont une partie se serait condensée presque aussitôt sous la forme de matière (particules) alors que le reste continue de se propager sous la forme de rayonnement. L’univers continue donc de s’étendre dans toutes les directions mais la gravité ralentit peu à peu son expansion alors que le rayonnement se refroidit. L’univers ressemblerait un peu à une fusée de feu d’artifice en train de s’éteindre.

Les particules de matière réagissent entre elles et avec le rayonnement, suivant des règles complexes et précises. Les combinaisons de matière les plus massives sont les atomes et les molécules primitives.

Dans ce nuage en expansion se produisent des turbulences que la gravité transforme en tourbillons de plus en plus rapides. Au centre des tourbillons, les atomes s’agglomérent par gravité.

Les grands tourbillons forment des amas, des galaxies, des nébuleuses, et des systèmes stellaires. A l’intérieur, des tourbillons plus petits rassemblent la matière en un ou plusieurs astres distincts, qui continuent de tourner les uns autour des autres et forment un ensemble d’objets de taille et de type différents, satellites les uns des autres, liés entr’eux par la gravité.


Formation des astres :


Suivant leur taille et la présence possible d’astres voisins, les nuages de matière rassemblés par la gravité peuvent se transformer plus ou moins profondément :

Nuages peu importants ou de faible densité : Peu ou pas d’agglomération. La matière reste à l’état de gaz ou suspension de poussière dans le vide.

Nuages plus importants : Les atomes les plus lourds se rassemblent en « boules de neige sale » de quelques kilomètres comme les comètes, le reste du nuage a le plus souvent la forme d’un disque plat.

Nuages nettement plus importants : Les atomes les plus denses se rassemblent au centre où la gravité est la plus forte ; par compression la température et la pression augmentent, des réactions entre les atomes, et même entre les noyaux de ces atomes, peuvent se produire. Ainsi se forment les planètes et les étoiles.

Si la masse est réellement importante, les réactions nucléaires très énergétiques produisent un rayonnement très puissant, l’astre est alors une étoile, sinon sa température extérieure reste basse (comme Jupiter et Saturne). La condensation des astres n’a pas d’effet sur leur comportement au sein des tourbillons dont ils font partie. Par contre, une partie de leur matière, la plus légère, peut être attirée par le voisinage d’un autre astre plus massif. C’est ainsi que la Terre, petite planète au voisinage d’une étoile, a perdu peu à peu ses gaz légers, ne conservant qu’une atmosphère d’azote, d’oxygène, de gaz carbonique et de vapeur d’eau. Plus petite et plus proche d’un astre lourd elle aurait perdu la quasi totalité de ses gaz comme Mercure, la Lune et d’autres petits satellites. Inversement Jupiter et les autres grosses planètes à bonne distance du Soleil ont gardé leurs gaz légers (Hydrogène, méthane, ammoniac). Les petits astres qui parcourent une orbite très excentrée autour d’une étoile (comme certaines de nos comètes) passent périodiquement très près et perdent à chaque passage une importante quantité de matière volatile, évaporée et capturée par l’étoile.

Bien qu’elles soient formées à partir du même mélange originel, les planètes ont donc une composition très variable. Elles peuvent comporter une partie solide, une partie liquide et une partie gazeuse. La pression et la température qui y règnent sont également très variables.


La Terre :


La Terre fait donc partie des planètes qui ont perdu une bonne partie de leurs gaz. Le noyau de notre planète, composé de fer et de nickel, est solide. Il est entouré d’une épaisse couche de matière fondue, un liquide épais et brûlant appelé le « manteau ». Le refroidissement de la surface par rayonnement a causé la solidification d’une mince pellicule flottante, la croûte terrestre, qui (toutes proportions gardées) ressemble à la peau qui se forme sur un bol de lait en train derefroidir. Le refroidissement a permis ensuite la condensation d’une grande partie de la vapeur d’eau qui restait dans l’atmosphère. De là l’océan qui recouvre aujourd’hui la plus grande partie de la surface du globe.

Le « manteau » liquide est parcouru par des courants, qui entraînent la pellicule solide à sa surface dans leurs déplacements. Par endroits, elle se déchire Les fragments tourbillonnent ou se heurtent, ce qui les fait se plisser ou glisser l’un sous l’autre. La pellicule se reforme là où le manteau est mis à nu. C’est ainsi que les continents dérivent et que les montagnes se soulèvent. Les zone plissées émergent de l’océan, et aussitôt elles sont attaquées par le travail érosif du ruissellement. Lorsqu’elles sont arasées ou s'enfoncent sous leur propre poids, l’océan les recouvre à nouveau.

Des phénomènes astronomiques, comme le passage du système solaire dans une zone de l’espace où se trouve encore une quantité notable de gaz interstellaire, peuvent causer un refroidissement atmosphérique momentané, qui se traduit par l’immobilisation d’une plus grande quantité d’eau sous la forme de glace autour des pôles, et par l’abaissement du niveau des mers : C’est une glaciation.


Roches sédimentaires :


L’érosion des zones émergées produit une quantité impressionnante de débris plus ou moins fins qui se déposent au fond des mers en couches horizontales successives. Les couches successives forment des strates souvent bien distinctes, parce que périodiquement la nature du dépôt a changé pour des raisons le plus souvent liées au climat.

L’épaisseur des couches accumulées augmentant, sous leur poids l’ensemble s’enfonce peu à peu dans le manteau fluide, comme une péniche s’enfonce dans l’eau à mesure de son chargement. Malgré cela la croûte reste à la surface, parce que sa densité est inférieure à celle du manteau. Les parties les plus profondément enfoncées, donc les plus anciennes, sont soumises à des pressions énormes et à des températures élevées ; cette « cuisson » pendant des millions d’années modifie leur structure et parfois leur nature. Elles deviennent généralement plus compactes.


Avec l’apparition des organismes vivants sur la Terre, un nouveau type de roche commence à se former. En effet, si les sables et les argiles proviennent uniquement de la destruction des terres émergées, les calcaires sont d’origine biologique. Dans les mers chaudes, des organismes marins minuscules sécrètent pour se protéger, comme les coquillages, une mince coquille calcaire. Ils produisent le calcaire à partir du calcium, un ion métallique abondant dans l’eau de mer, et du gaz carbonique initialement très abondant dans l’atmosphère primitive. A leur mort, les coquilles tombent au fond et s’accumulent en couches énormes. Les coquillages et les coraux qui bâtissent des récifs dans les eaux peu profondes laissent également leur calcaire. Les organismes vivants produisent d’autres minéraux (silice, charbon, pétrole) mais aucun en quantité comparable à celle des calcaires, parfois sur plusieurs kilomètres d’épaisseur.

Les couches calcaires peuvent être pures ou mélangées avec d’autres débris sédimentaires, sable, argile ou autres. Elles contiennent souvent des fossiles bien conservés grâce à la solidité des coquilles. Le compactage à grande profondeur, sous forte pression et à chaud en présence d’eau, dissout en partie les microcristaux des coquilles, et la solution se recristallise ensuite lentement, formant des cristaux plus gros de calcite pure qui cimentent les grains du calcaire. La roche devient plus compacte et plus dure, et résiste mieux à la dissolution par l’eau. Un compactage plus poussé aboutit à une forme très dure de calcaire, le marbre. A l’inverse, les calcaires récents de l’ère tertiaire sont peu compactés et comportent de nombreux vides.


Fracturation des roches :


Lorsque les continents se heurtent au hasard de leur parcours flottant à la surface du manteau, les points d’impact se déforment, à cause de la pression horizontale à laquelle ils sont soumis. Un plissement apparaît, perpendiculaire au mouvement, et les ondulations s’élèvent au-dessus du niveau moyen. Une chaîne de montagne se forme. C’est l’équivalent de la tôle froissée dans un accident d’auto. La roche dont sont formées les différentes couches est solide, mais à cette échelle elle montre une certaine plasticité, un peu comme le flan à la vanille. Les petites déformations ne causent pas de cassure, mais des tensions qui fragilisent la roche. Les déformations importantes par contre brisent la roche, créant différents types de fractures suivant s’il y a mouvement relatif ou non des deux parties séparées. Les failles, parfois immenses, les fossés d’effondrement, mais aussi les diaclases et les fissures sont dûes à ces déformations. Les failles sont souvent accompagnées de zones broyées par la friction des blocs et de fissures « en échelons » causées par le cisaillement. Ces fractures ne se ressoudent pas, sauf si une recristallisation a lieu ensuite. Dans ce cas la fracture est remplie par un ciment à gros cristaux, habituellement plus pur que la roche fracturée. Les fractures non recristallisées entaillent profondément la roche. Elles offrent une voie de pénétration facile à l’érosion.


Circulation de l’eau en milieu fissuré :


L’eau est omniprésente à la surface du globe, dont elle occupe les quatre cinquièmes. Les terres émergées sont continuellement arrosées par les précipitations, à l’exception de certaines zones arides. Par capillarité, l’eau s’infiltre dans la moindre fissure accessible, ceci au moins dans la partie supérieure de l’écorce terrestre, là où les roches ne sont pas excessivement compactées par le poids des couches supérieures. Certaines roches, comme les argiles, sont imperméables et empêchent le passage de l’eau vers les couches sous-jacentes.

L’eau s’introduit donc dans les roches dures par les réseaux de fissures. Dans les parties profondes, fortement compactées, les fissures sont étroites et l’eau circule mal; d’ailleurs pour qu’il y ait circulation il faut qu’il existe une différence de pression entre l’amont et l’aval suffisante par rapport à la longueur du trajet. Ce n’est pas le cas pour un circuit profond. Dans les parties moins profondes, les fissures sont toujours étroites mais le « moteur » est un peu plus efficace, et l’eau des fissures est soumise à un léger gradient de pression qui la fait se déplacer lentement. Si l’une des fissures présente une section supérieure à celle des autres, le déplacement de l’eau y sera plus rapide. Si des mécanismes d’érosion mécanique ou de dissolution sont possibles dans la roche considérée, ce qui est le cas des calcaires, ils agrandiront cette fissure et le courant augmentera encore. Inversement, si l’eau transporte des sédiments par définition insolubles, ils se déposeront de préférence dans les zones où la circulation est plus lente et les colmateront. Après un certain temps, le réseau de fissures se différenciera : Un réseau à circulation rapide, de section importante, qui drainera la roche, et un réseau résiduel de fissures, nombreuses mais étroites, à circulation lente, qui jouera le rôle de réservoir.


Dans les fissures profondes envahies par l’eau, la circulation peut se faire aussi bien du bas vers le haut que dans l’autre sens, car l’ensemble du réseau de fissures est noyé. De toutes manières l’exutoire est situé à un niveau bien supérieur.

Près de la surface, dans les zones où il existe un relief suffisant, l’exutoire peut se trouver plus bas qu’une partie du réseau qui se trouve en quelque sorte suspendu. L’air peut alors s’y introduire, et l’eau ne circule plus que dans la partie basse. Dans les passages où circulent à la fois l'air et l'eau, l'écoulement de l'eau ressemble à ce qu'on observe en surface (rivière souterraine), éventuellement entrecoupé de parties noyées ou siphons. Cette configuration en écoulement libre est caractéristique des réseaux de montagne et aussi des réseaux de plateau où le creusement d’une vallée a abaissé le niveau des exutoires. Ceux-ci, noyés à l’origine, deviennent alors suspendus.


Solubilisation des calcaires :


Le calcaire est composé principalement de carbonate de calcium, parfois d’un mélange de carbonates de calcium et de magnésium. Ces carbonates sont insolubles dans l’eau pure, mais les acides le dissolvent facilement (comme le vinaigre).

L’air atmosphérique contient toujours un peu de gaz carbonique, et par ses échange avec l'air (évaporation, condensation) l’eau peut en contenir également, en quantité faible et variable. La combinaison de l’eau avec le gaz carbonique forme un acide capable de dissoudre le calcaire. Il faut seulement beaucoup de temps, parce que cet acide très dilué est peu agressif et doit être renouvellé dès que l’acidité est consommée, pour que la dissolution se poursuive.

C’est pour cela que les réseaux de fissures en profondeur, où l’eau circule très lentement, et les conduits qui sont « shuntés » par un autre passage plus facile ne s’agrandissent que très lentement.

Par contre, là où l’eau circule facilement, elle renouvelle constamment l’acide qui corrode la roche. On a vu que cette corrosion, en agrandissant les passages, facilite encore la circulation de l’eau. La vitesse du courant peut produire encore une érosion mécanique (frottement de sable, de galets) qui s’ajoute à l’érosion chimique et l’accélère encore.

Seules les surfaces du calcaire qui ne sont pas en contact avec le fluide agressif en mouvement sont épargnées. Ce sera le cas au fond des conduits, ou l’eau aura déposé des sédiments insolubles (argile) et dans les parties supérieures que l’eau ne baigne plus qu’exceptionnellement. Inversement, la présence de poches de gaz carbonique dans les parties basses de certaines cavités fossiles, ou dans les cloches des siphons, peut accélérer localement la corrosion. Les échanges de gaz carbonique entre l’air et l’eau peuvent être rapides, et au passage dans une cavité souterraine, l’eau peut être tour à tour corrosive et calcifiante, suivant les variations de sa teneur en gaz carbonique.


Mécanismes d’érosion :


Les mécanismes d’érosion dans les circulations souterraines sont les mêmes qu’en surface. Les principales différences sont le rôle moins important du gel (le sous-sol se maintient à une température moyenne toute l’année) et l'absence de direction privilégiée en régime noyé, où l’eau peut aussi circuler vers le haut.

L’érosion chimique dissout lentement les parois calcaires dans toutes les directions, laissant intactes les impuretés insolubles (rognons de silice, argile). Elle attaque plus rapidement le calcaire microcristallin et laisse en relief les filonnets de calcite aux cristaux plus gros. Suivant la composition locale du calcaire, la dissolution est plus ou moins facile et certains conduits sont beaucoup plus « travaillés » que d’autres.

L’érosion mécanique est dûe à l’usure de la roche, non pas par l’eau elle-même, mais par le choc des particules transportées, sable et galets principalement. Elle se produit évidemment là où la vitesse de l’eau est la plus forte (étranglements, base des puits de ruissellement) et vers l’extérieur des courbes tout comme dans les cours d’eau de surface. Ce mécanisme se manifeste particulièrement en écoulement libre, parce que la vitesse de l’eau y est souvent beaucoup plus grande qu’en régime noyé (Pour un même débit la section disponible est beaucoup plus petite, ce qui correspond à un étranglement).

L’érosion mécanique intéresse également les sédiments insolubles, qui peuvent être recreusés lorsque le système passe à un régime en écoulement libre. Il faut rappeler que pour que l’eau reprenne un sédiment sa vitesse doit être plus élevée que lorsqu’elle l’a laissé se déposer, surtout si le sédiment est fin.

Le débit des réseaux souterrains est très variable, comme d’ailleurs celui des cours d’eau de surface. Les crues sont souvent brèves mais la vitesse de l’eau peut prendre des valeurs extraordinaires, puisque le réseau n’a pas la possibilité de s’étaler comme une rivière de plaine. La température et la composition chimique de l’eau changent avec les saisons. Ceci explique que les divers mécanismes d’érosion se combinent dans des proportions variables, avec des phases de corrosion lente et des périodes d’érosion mécanique brèves mais brutales.


Formes classiques en spéléologie :


Les formes classiques de l’érosion chimique sont la « conduite forcée » ou érosion tubulaire à partir d’une fissure initiale dans un matériau suffisamment homogène, le pouvoir corrosif de l’eau s’exerçant sur toute la section lui fait prendre la forme d’une lentille puis peu à peu celle d’un conduit cylindrique.

Cette forme ne se produit qu’en régime noyé, et en l’absence de sédimentation. Elle peut prendre n’importe quelle direction, vers le haut comme vers le bas.

Si la sédimentation est abondante, le sol de la fissure est bientôt recouvert de sédiment qui le protège de la corrosion chimique. Alors seuls la voûte et les parois sont attaqués, la corrosion continue de creuser vers le haut, tandis que la sédimentation comble au fur et à mesure la base de l’ancien conduit. Le conduit ne s’agrandit pas, il garde la forme d’un laminoir bas courant sur un lit de sédiment. Mais le niveau du conduit remonte peu à peu, l’épaisseur du sédiment atteignant plusieurs mètres. Si plus tard le conduit passe en écoulement libre, le ruissellement pourra vider ce remplissage en plusieurs endroits, laissant un méandre dans lequel on trouvera par endroits des restes du sédiment épargnés par le recreusement.

La corrosion chimique peut aussi dégager de volumineuses coupoles dans les parois et surtout les voûtes des siphons.

L’érosion mécanique s’observe surtout en écoulement libre, donc en général dans l’histoire récente de la cavité. Outre les formes connues en surface (canyons, marmites) on trouvera également, dans les réseaux de montagne, des systèmes de puits-méandres qui résultent d’un écoulement libre le long d’une pente assez raide en l’absence des autres modes d’érosion de surface. Le filet d’eau suit d’abord la ligne de plus grande pente en entaillant le calcaire du sol. Peu à peu, de petites déviations se manifestent, horizontalement (il commence à zigzaguer) et verticalement (il forme de petites cascades). L’érosion étant plus active au bas des cascades et dans les coudes, le creusement y est plus rapide. L’éclatement de la gerbe d’eau élargit le bas des cascatelles, mais ralentit l’eau. Comme elle n’a plus assez d’énergie pour élargir la partie horizontale qui suit, elle y trace une entaille étroite, jusqu’à la cascade suivante. Ce phénomène s’amplifie avec le temps et transforme le conduit oblique initial en une succession de puits étroits sauf à la base, chacun prolongé par un méandre remontant vers l’aval, dont le sol forme deux banquettes séparées par une saignée étroite sous laquelle on retrouve l’étage suivant.


Colmatage des cavités :


Tant que la cavité est noyée, le seul colmatage est celui causé par le dépôt des matières en suspension (argile, sable, galets) dans les zones où la vitesse diminue assez pour que ces éléments tombent sur le sol de la galerie. Suivant la taille des particules, il faut une vitesse souvent très supérieure pour que l’eau puisse reprendre ces dépôts. Les dépôts peuvent présenter un aspect lité, suite à de petites variation dans leur composition ou leur granulométrie. Ces alternances correspondent aux variations de débit, donc souvent à des cycles saisonniers avec crues et décrues (Varves).

Quand le niveau de l’exutoire s’abaisse, la circulation devient du type à écoulement libre sur certaines parties de la cavité. C’est souvent l’occasion d’un recreusement en raison de l’accélération du courant. Les dépôts deviennent aussi moins fins puisque la vitesse de l’eau permet alors le transport de galets plus gros qu’en écoulement noyé.

La mise à l’air des voûtes puis des parois, et enfin des sols, permet aussi la formation de concrétionnement par le suintement de l’eau chargée en calcaire provenant des fissures. Au contact de l’air, cette eau perd une partie de son gaz carbonique et la solubilité du carbonate diminue, ce qui cause une précipitation très lente à l’endroit où ces échanges gazeux ont lieu : Point d’affleurement, impacts des gouttes etc. C’est ce mécanisme qui forme le tuf des eaux calcaires et la stalagmite des cavernes aux formes bien connues. Ce concrétionnement très lent devient pourtant envahissant dans une cavité complètement abandonnée par l’eau courante, et finit par la colmater entièrement.

Un autre mécanisme de colmatage intervient lorsque la cavité a atteint une dimension suffisante pour que la cohésion de la roche soit dépassée par le différentiel de pression entre la roche encaissante (pression résiduelle des conditions de formation en profondeur) et la pression beaucoup plus faible de l’eau ou de l’air dans la galerie même. Il se produit alors une décompression du matériau, qui se traduit par une fissuration parallèle au conduit, dont les parois et la voûte se détachent et s’effondrent. Tant que la circulation de l’eau est capable de dégager les débris, la galerie continue de croître; mais elle devient de plus en plus instable. Elle finit par être colmatée par les effondrements auxquels s’ajoutent les dépôts de décrue et le concrétionnement. Ceci se produit encore plus vite pour les orifices à l’air libre, où le gel accélère encore la fracturation. Dans les gouffres ouverts à la surface du sol, le puits reçoit en outre des quantités de débris de l’extérieur qui finissent par le combler lorsqu’il n’y a plus de circulation d’eau à sa base pour le dégager.


Ces mécanismes interviennent rapidement après l’arrêt des circulations actives (fossilisation de la cavité). Les cavités antérieures à la dernière glaciation ont ainsi été totalement colmatées en quelques dizaines de milliers d’années.


Page remise à jour le 18 janvier 2007

 
 

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